Interview mit Le Taurillon: « Nous devons nous faire confiance »
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Interview mit Le Taurillon: « Nous devons nous faire confiance »

David McAllister est une étoile montante au Parlement européen. Depuis début 2017, il est le président de la Commission des affaires étrangères. Avant cela, il avait déjà participé aux négociations transatlantiques en tant que député européen.

Le choix de la Grande-Bretagne de quitter l’UE a brisé le cœur de McAllister (il a en effet des origines allemande et écossaise). S’occupant des diverses questions de politique étrangère et devant, à ce titre, travailler avec l’administration instable de Donald Trump, McAllister est aujourd’hui classé 7ème sur la liste Politico Europe des députés européens les plus influents. Nous l’avons rencontré pour avoir son opinion sur Trump, le Brexit et le futur de la politique étrangère européenne.

La coopération avec les Etats-Unis doit se poursuivre

Le Taurillon : Les discussions autour du choix de l’Ambassadeur américain auprès de l’UE par Donald Trump, comme ses précédents commentaires sur le Brexit, montrent que la Maison-Blanche est hostile au projet d’intégration européenne. Récemment, le Parlement européen a appelé à réimposer aux américains voyageant dans l’Union l’obligation d’obtenir un visa. Pensez-vous que l’UE devrait prendre ses distances vis-à-vis des Etats-Unis ou, au contraire, éviter l’accroissement des divergences ?

David McAllister : En se penchant sur l’histoire, on remarque qu’il a toujours été de l’intérêt des Etats-Unis de soutenir et d’accompagner la coopération transatlantique et le processus d’intégration européenne. Je crois que les relations entre l’UE et les Etats-Unis d’Amérique sont fortes et espère bien qu’elles le resteront. Nous avons en Europe un intérêt à coopérer avec l’administration américaine sur quasiment tous les sujets. Et réciproquement pour nos partenaires aux Etats-Unis, en particuliers sur des enjeux aussi importants que la sécurité et la lutte contre le terrorisme. Nous devrions tous deux avoir à cœur de poursuivre notre étroite coopération. Bien sûr, le Président des Etats-Unis dispose de pouvoirs importants mais il ne peut pas tout décider seul. Monsieur Trump devra aussi travailler de concert avec le Congrès et d’autres institutions.

Au Parlement européen nous avons de bons contacts tant avec les démocrates qu’avec les républicains, à la Chambre des représentants et au Sénat. Nous dialoguons beaucoup avec nos homologues américains et tentons d’éviter l’accroissement des divergences.

Le Taurillon : Un jour Trump ne sera plus le Président américain. Pensez-vous que les Etats-Unis soutiendront à nouveau l’intégration européenne après la présidence Trump ? Comment cela influe-t-il aujourd’hui la politique étrangère européenne vis-à-vis des Etats-Unis ?

D.M. : Le lien avec les Etats-Unis demeure fort peu importe qui est le président à la Maison-Blanche et quel parti a la majorité au Congrès.

Les bénéfices de notre étroite relation bilatérale vont bien au-delà de l’UE et des Etats-Unis. En tant que puissances mondiales, les partenaires transatlantiques ont tous deux la responsabilité de coopérer afin de faire porter leur voix commune dans le monde. Nous partageons un agenda extérieur et les deux partenaires se sont engagés à coopérer sur des problèmes internationaux de premier plan. Cela s’applique aussi bien aux questions d’affaires étrangères, que de développement et de commerce. Aujourd’hui le plus important est de maintenir le dialogue – à tous les niveaux.

Nous devons avoir confiance l’un dans l’autre et agir ensemble.

Le Taurillon : Les négociations entre les puissances européennes, la Russie et l’Ukraine ont été ouvertement conduites par les leaders nationaux plutôt que par la Haute représentante. Cela vous interpelle-t-il ?

D.M. : Nous avons besoin d’une Europe plus forte et plus impliquée en matière de politique étrangère. Je soutiens Jean-Claude Juncker quand il a déclare que l’une de ses priorités est de faire en sorte que la Haute représentante puisse agir comme une véritable Ministre européenne des affaires étrangères. Quant à la situation actuelle en Ukraine, elle montre combien une Union européenne véritablement unie est essentielle. Nous pouvons et nous devons améliorer notre travail en matière de politique étrangère commune. Cela implique de trouver des réponses communes et de mettre en place de meilleurs mécanismes pour mieux anticiper les évènements. Nous avons besoin d’articuler plus efficacement les outils de l’action extérieure européenne. Il y a déjà des progrès d’effectués en faveur d’une meilleure coordination de l’aide au développement, de la politique de voisinage et de la politique de sécurité commune. Elles doivent toutes être combinées et mises en œuvre de manière à suivre une même logique.

Le Taurillon : Si vous aviez le choix, que changeriez-vous au rôle que jouent les différents acteurs de la politique étrangère européenne que sont les chefs d’états, les ministres, la Haute représentante et le Parlement européen ?

D.M. : L’Union européenne est confrontée à de sérieux conflits entre des approches différentes de la politique étrangère : cela a des conséquences directes sur la sécurité et le bien-être des citoyens européens, qu’elles prennent la forme du terrorisme, de l’afflux massif de migrants ou encore de campagnes de désinformation conçues pour diviser nos sociétés.

C’est pourquoi la Politique étrangère et de sécurité commune de l’UE ne peut fonctionner que si elle est basée sur les piliers définis comme les trois « D » : défense, développement et diplomatie. Tous les Etats-membres doivent parler d’une seule voix, se faire confiance et agir ensemble.

Brexit : Le Royaume-Uni ne peut pas espérer avoir une relation d’égal à égal avec l’UE

Le Taurillon : En sortant de l’Union européenne, le Royaume-Uni deviendra un pays tiers et par conséquent un objet de la politique étrangère européenne. Cela a-t-il affecté le travail de la Commission aux affaires étrangères ? Quelles répercussions cela peut avoir dans le futur ?

D.M. : Le référendum a été, comme nous le savons, le plus dramatique – mais pas fatal – coup porté au projet européen. La réalité imminente du « Brexit » est devenue l’une des problématiques les plus pressantes car c’est l’un des pays les plus impliqués dans les relations internationales qui a décidé de se retirer de l’Union par laquelle il a été intimement lié à ses plus proches voisins pendant 45 ans. Le Royaume-Uni a clairement exprimé sa volonté de quitter l’UE. Nous devons respecter ce choix, bien que, personnellement, je le regrette encore profondément. C’est une erreur historique.

Peu importe à quoi pourrait ressembler la future relation entre le Royaume-Uni et l’UE, elle s’établira sur la base d’un accord qui ne doit pas offrir des avantages aussi importants que ceux tirés du statut de membre de l’UE. Promouvoir le Royaume-Uni de la position de « un parmi 28 » à celle d’égal à égal avec l’UE est trop en demander. Un pays tiers ne peut pas avoir plus de droits qu’un Etat-membre. On ne peut pas quitter un club et pourtant en conserver tous les avantages – d’autant plus qu’il y en a beaucoup. Par conséquent le futur compromis ne pourra pas être meilleur que le statu quo. Tout accord qui sera conclu le sera en considérant le Royaume-Uni comme un pays tiers et, sera fondé sur un équilibre entre les droits et les obligations. L’UE doit défendre les principes primordiaux sur lesquels elle est fondée. Autrement cela reviendrait à ruiner l’idée de marché unique.

Le Taurillon : Guy Verhofstadt, le négociateur du Brexit au nom du Parlement européen, a témoigné sa sympathie aux aspirations du Gouvernement écossais de rester dans l’Union. Il a aussi suggéré l’idée de permettre aux citoyens britanniques de conserver leur citoyenneté européenne en contrepartie d’un paiement. D’une manière générale, êtes-vous en accord avec l’approche de Verhofstadt du Brexit et des futures relations entre le Royaume-Uni et l’UE ?

D.M. : Comme je vous l’ai dit, nous respectons la décision du peuple britannique de quitter l’UE, mais bien sûr je n’en suis pas très heureux. Si aucun accord n’est trouvé dans la période de deux ans ouverte au jour de la notification officielle du retrait, alors le Royaume-Uni ne sera plus sujet des traités européens. Les accords transitoires auront une importance particulière pour organiser le retrait de manière ordonnée et ainsi permettre une transition « en douceur » du statut d’Etat-membre à celui d’Etat associé.

Si un traité de libre-échange est conclu, un tel accord serait sans précédent puisque l’Union européenne n’a jamais négocié un traité de libre-échange avec un pays dont l’économie et les institutions sont aussi étroitement intégrées aux nôtres.