Le Point: Balkans – Pourquoi il faut élargir l’Union
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Le Point: Balkans – Pourquoi il faut élargir l’Union

La Commission prépare l’élargissement de l’UE aux Balkans. Entretien avec David McAllister, président de la commission des Affaires étrangères du Parlement.

Le Point : La Commission a tracé un chemin pour l’intégration européenne des Balkans à l’horizon 2025. En tant que président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, pensez-vous que ce soit réaliste ?

David McAllister : La stratégie d’élargissement de la Commission européenne est, à mes yeux, un document intelligent et tourné vers l’avenir. Il définit les priorités et les domaines de la coopération commune renforcée en abordant les défis spécifiques auxquels les Balkans occidentaux sont confrontés, en particulier la nécessité de réformes fondamentales et de relations de bon voisinage. L’année 2025 est une date indicative, basée sur le meilleur des scénarios. La date exacte dépendra de la rapidité des réformes et donc de l’alignement de ces pays sur les lois de l’UE.

La Serbie et le Kosovo sont toujours en conflit. Quelles sont leurs relations aujourd’hui ? Et croyez-vous à un accord de paix d’ici 2025 ?

Depuis sa déclaration d’indépendance en 2008, plus de 110 pays ont reconnu le Kosovo en tant que pays indépendant. Dans le même temps, Belgrade campe sur la ferme position que le Kosovo fait partie intégrante de la Serbie. Ainsi, la communauté internationale continue d’être divisée sur la question. Vingt-trois États membres de l’UE, dont la France, ont reconnu le Kosovo, tandis que l‘Espagne, la Slovaquie, Chypre, la Roumanie et la Grèce n’ont pas reconnu ce pays.

En dépit de cette situation difficile, des progrès ont été réalisés dans les relations entre Belgrade et Pristina. En avril 2013, ce que l’on appelle « l’accord de Bruxelles » a été signé. Selon ce document qui a fait date, Belgrade et Pristina ont convenu, entre autres choses, de l’intégration des municipalités à majorité serbe du nord du Kosovo dans le système juridique du Kosovo, tout en offrant certaines garanties à la population serbe. D’autres accords-clés ont été finalisés au cours des années, depuis 2013. Les deux parties doivent maintenant mettre pleinement en œuvre les accords déjà conclus. Le dialogue interne en cours en Serbie sur l’avenir des relations avec le Kosovo est très important. En substance, l’UE attend des deux parties un engagement continu en faveur d’une amélioration visible et durable de leurs relations. Ce processus devrait conduire progressivement à une normalisation complète des relations entre la Serbie et le Kosovo, afin d’être en mesure d’exercer pleinement leurs droits et de s’acquitter de leurs responsabilités.

Une Europe à 27 ou 28 pays connaît de grandes difficultés à fonctionner. Quels types de réformes institutionnelles seraient appropriés pour améliorer les institutions de l’UE avant l’élargissement aux Balkans ?

Je ne crois pas que nous ayons besoin de réformes institutionnelles pour préparer l’élargissement de l’Union européenne. L’UE devrait plutôt insister pour que la législation existante soit pleinement appliquée. Les pays des Balkans occidentaux doivent s’aligner sur l’acquis européen afin de rejoindre l’UE. Cela signifie qu’ils doivent pleinement adopter et mettre en œuvre un programme exigeant de réformes politiques et économiques.

La Serbie et le Monténégro ont officiellement demandé à faire partie de l’Union européenne. Qu’attendez-vous d’eux, en termes de réformes, avant leur intégration ?

Les 35 chapitres de l’acquis communautaire forment la base des négociations d’adhésion pour chaque pays candidat. Ils correspondent aux différents domaines politiques tels que l’État de droit, l’économie et la politique étrangère pour lesquels des réformes sont nécessaires afin de remplir les conditions d’adhésion. Les pays doivent adapter leurs infrastructures administratives et institutionnelles et aligner leur législation nationale sur la législation européenne dans ces domaines. Ils doivent respecter les critères que l’UE a définis dans les 35 chapitres avant de pouvoir conclure les négociations. Néanmoins, des progrès durables sur les fondamentaux, en particulier sur les chapitres 23 et 24 relatifs à l’état de droit, sont nécessaires.

Combien cela coûte-t-il au budget européen de soutenir ces pays ?

L’instrument d’aide de préadhésion (IAP II) est le moyen par lequel l’UE soutient les réformes visant à l’élargissement en apportant une aide financière et technique. L’IAP II s’appuie sur les résultats déjà obtenus en consacrant près de 4 milliards d’euros à des partenaires individuels dans les Balkans occidentaux, et 3 milliards d’euros supplémentaires pour la période 2014-2020 pour l’ensemble des pays. Cet argent est bien dépensé. La politique d’élargissement de l’UE reste le meilleur outil pour soutenir la modernisation des pays de l’Europe du Sud-Est. Grâce à cette transformation, nous assurons la sécurité, la stabilité et la prospérité pour nos partenaires – et surtout pour nous-mêmes. Un élargissement clair, crédible et conditionnel reste donc dans l’intérêt même de l’Union européenne.